Nourrir ses abeilles : le point complet

Les abeilles ont besoin de nourriture et si les abeilles sauvages n’ont pas de problème pour survivre sans nous, les abeilles domestiquées ont généralement besoin d’un petit coup de pouce. 🍬

Le nourrissement n’est pas obligatoire et de nombreux apiculteurs préfèrent s’en passer, notamment ceux qui privilégient le bien-être de leurs abeilles à la récolte. Pour ceux qui cherchent un certain rendement, nourrir ses abeilles est une obligation, particulièrement au printemps et à la fin de l’été, juste après la récolte.

Pourquoi nourrir ses abeilles ?

Il est important de contrer la vision romantique des abeilles qui butinent librement les fleurs et offrent leur miel à qui veut bien se donner la peine de le prélever. Les abeilles ne font pas de cadeaux et le miel que vous mangez était destiné à effectuer des réserves en cas de coup dur. Les abeilles sont inlassables et travaillent sans cesse pour avoir suffisamment de miel dans leurs rayons. Le miel est aussi leur nourriture !

Si vous avez juste envie de sauver des abeilles et d’avoir des ruches pour le plaisir de les entendre bourdonner, alors vous n’aurez sans doute pas besoin de les nourrir. Mais dans l’attente d’une récolte conséquente, il est fortement conseillé de nourrir vos abeilles pour compenser le prélèvement.

Ce qu’on appelle parmi les apiculteurs le nourrissement peut aussi être effectué pour répondre à des attentes précises. Voici quelques exemples :

stimuler la ponte au printemps

En donnant du candi (miel + sucre sous une forme solide) aux abeilles au tout début du printemps, vous stimulez la ponte de la reine et permettez de commencer la saison avec un surplus de butineuse.

– Faire face aux aléas climatiques

Ils sont de plus en plus fréquents, un coup de froid tardif, une floraison amputée, plusieurs situations peuvent mettre en danger la survie de vos colonies. Si les abeilles ne peuvent pas butiner et que leurs réserves sont à sec, il est primordial de les nourrir au plus vite.

– renforcer la santé des abeilles

Une abeille bien nourrie est plus vive et plus forte. C’est un constat sans appel. Les espèces d’abeilles parfaitement adaptées à votre climat nécessitent moins de nourriture. Les espèces non endémiques ou croisées peuvent être fragilisées et le nourrissement sera alors indispensable. L’apport en protéines notamment ne doit pas être négligé.

– Accompagner les débuts d’une colonie

Les abeilles peuvent se fortifier avec le temps et l’expérience, mais pour les débuts dans une ruche, le nourrissement les aide à démarrer et à prendre leur marque.

– conserver la colonie à l’intérieur d’une ruche

Le nourrissement peut faire fonction d’apprivoisement lorsque vous venez de capturer un essaim par exemple.

– stimuler la ponte à l’automne

Le nourrissement permet de compenser les pertes de la réserve après la récolte et il permet également aux abeilles de renforcer leur population en vue de l’hiver.

– En cas d’urgence…

Un hiver trop rude, un essaimage, une prolifération du varroa, quelle que soit la situation, le nourrissement est souvent utilisé en urgence pour nourrir les abeilles pour sauver la colonie.

Quand nourrir ses abeilles ?

Il existe deux périodes principales de nourrissement, au printemps et à l’automne avec des objectifs bien distincts dans les deux cas. Mais d’autres situations peuvent amener à être envisagé pour nourrir ses abeilles.

Le nourrissement de printemps

C’est ce qu’on appelle le nourrissement spéculatif. Il a généralement lieu au tout début du printemps et a pour objectif principal de stimuler la ponte de la reine. Ainsi, elle produira des butineuses en grande quantité qui pourront vite aller récolter le pollen. Le nourrissement spéculatif permet des miellées plus importantes.

En fonction de la région où vous êtes, il est possible d’avancer ce nourrissement pour répondre à la floraison et aux conditions climatiques.

Le nourrissement d’automne

Ce nourrissement a pour objectif de compenser la perte des réserves de miel (récoltées par l’apiculteur) en stimulant la pointe pour augmenter la population de la colonie. Les nouvelles butineuses partiront à l’assaut des fleurs d’automne pour constituer de nouvelles réserves pour l’hiver.

Les avantages sont multiples. Pour qu’une colonie tienne l’hiver, il faut qu’elle ait des réserves suffisantes, mais qu’elle possède aussi suffisamment d’individus pour se tenir chaud.

Le nourrissement de saison

Il est généralement proscrit. Si la ruche est suffisamment grande et que la colonie est en bonne santé, elle devrait être autosuffisante pour toute la durée du printemps et de l’été.

Bien entendu, certains apiculteurs continueront de nourrir leurs abeilles pour stimuler la ponte et la production. Mais ces habitudes ne garantissent pas une qualité de miel exceptionnelle. Il risquerait d’avoir un goût de sucre !

Cela dit, les aléas climatiques de plus en plus fréquents de nos jours peuvent amener des apiculteurs à pratiquer le nourrissement pour compenser une sécheresse par exemple. Vous ne voulez pas vous retrouver avec des abeilles affamées qui vont dévorer tout le miel emmagasiné pendant le printemps.

Le nourrissement en hiver ?

Il est à proscrire complètement. Une colonie saine n’aura pas besoin de nourrissement en hiver.  Si c’est le cas, c’est que vous avez mal géré votre ruche pendant l’année.

Quelle est la bonne nourriture ?

Vous l’avez compris, nourrir ses abeilles n’est plus vraiment un débat. Si vous voulez du miel en quantité suffisante sans trop affaiblir votre colonie, il faut lui donner un peu de sucre et de protéines. Comme expliqué précédemment, il est préférable de le faire au début du printemps (le biberonnage) et à l’automne, juste après la récolte. Le nourrissement pendant ces deux périodes est différent, autant dans les objectifs recherchés que dans les types de nourriture utilisés.

Il est important de préciser que les abeilles ne se nourrissent pas de sucre mais de ce qu’on appelle le sucre inverti, résultat d’une transformation des sucres en saccharose. Ainsi, tous les sucres donnés aux abeilles doivent être transformés, soit par elle (le miel), soit par l’humain (cuisson, extraction).

  1. Le nourrissement au printemps

Le biberonnage est avant tout un stimulant et pour cela, il doit être léger. En effet, vous ne voulez pas trop en donner au risque que les abeilles le mettent dans les rayons. Vous aurez alors une récolte de saccharose qui affecte le goût de votre miel. Il est impératif de donner une nourriture pas trop chargée et dans des quantités faibles mais régulières.

Le sirop liquide

La méthode la plus classique consiste à disposer un sirop 50/50. Son nom vient du fait qu’il est fait avec 1 kilo de sucre et 1 litre d’eau chaude. Vous pouvez l’acheter ou le préparer vous-même.

La recette est simple :

Faites bouillir de l’eau puis ajoutez le sucre en le mélangeant. Éteignez le feu deux ou trois minutes plus tard et laissez le liquide s’épaissir.

Nous rappelons qu’il est essentiel de le chauffer ! Le sucre brut nécessitera que les abeilles le transforment, ce qui les fatigue et ralentit la production de miel.

Les quantités sont à surveiller au plus près. Comme expliqué plus haut, trop de sirop affecte la production de miel négativement. Pour autant, il faut s’assurer que les abeilles aient assez à manger. Il est donc conseillé de donner environ 500 ml pour le biberonnage du printemps et de l’espacer en donnant des doses tous les trois jours. À vous de voir si vous souhaitez le faire en deux, trois ou quatre fois.

Le sucre inverti solide

D’autres apiculteurs rechignent à utiliser du sirop. En effet, la forte teneur en eau rend l’assimilation plus difficile pour les abeilles. Ils préfèrent donc mettre des pâtes de sucre inverti. Il est également possible de le fabriquer soi-même en réduisant le sirop au maximum

Les compléments

Pour favoriser la ponte et faire un apport en nutriment, il est possible de mélanger le sirop ou la pâte avec du miel ou du pollen. Certains apiculteurs y ajoutent aussi des gouttes de propolis. Il est aussi conseillé de surveiller l’apport en protéines avec des substituts ou des galettes de pollen.

  1. Le nourrissement à l’automne

Ce nourrissement est prévisionnel et permet de donner plus de chances à votre colonie pour tenir l’hiver et aborder la nouvelle saison avec des forces suffisantes.

C’est un nourrissement qui n’existait pas il y a à peine quelques dizaines d’années. Les raisons sont simples. Le sucre était cher et les conditions environnementales propices aux abeilles. Depuis, le temps se détraque, il y a de moins en moins de fleurs et moins de diversités, les abeilles ont plus de mal à trouver des protéines et effectuer leurs réserves.

Ainsi, suivant les régions, il est de plus en plus difficile pour les colonies d’abeille de constituer des réserves suffisantes pour l’hiver. L’intervention de l’homme est souvent nécessaire.

Mais avant de nourrir, il est important de bien étudier la ruche. Si elle est en parfaite santé avec une grosse population et qu’il y a des fleurs autour de vous, ne nourrissez pas ! En effet, nourrir une colonie en bonne santé peut être contre-productif. La reine n’aura plus de place pour son couvain et c’est toute la colonie qui peut en pâtir. Le nourrissement automnal doit se faire en parallèle à une connaissance avisée de l’état de vos ruches.

La nourriture d’automne n’a pas le même risque qu’au printemps. Elle ne se transformera pas en miel et vous pourrez donc en donner plus. Il est généralement conseillé de donner du candi qui n’est rien d’autre que du sucre inverti. Les abeilles aimeront le lécher pour s’alimenter et constituer leurs réserves. Vous pouvez aussi opter pour du sirop dont la teneur en sucre sera plus élevée. Le sirop sera aussi plus pâteux.

La recette : 

1 litre d’eau

1,5 kilo de sucre

10% de miel.

Vous pouvez y ajouter du pollen en fonction des carences en protéines que vous pourrez observer.

Les quantités doivent être moindres qu’au printemps et se calculent en fonction de l’état de votre ruche. Si les cadres à réserves sont pleins, n’en donnez pas ou juste quelques centilitres (comme une gourmandise!). Si au contraire, vous notez qu’il y a peu de réserves et une population faible, alors vous pouvez donner une dose comprise entre 50 et 100 cl que vous pouvez mettre d’un coup.

Observez alors l’évolution de la ruche dans les jours et semaines qui suivent.

Il est important de nourrir les abeilles le plus tôt possible, juste après la récolte pour que la reine ait le temps de pondre.

Les risques du nourrissement

Nourrir ses abeilles est malheureusement souvent obligatoire de nos jours. Mais comme nous l’avons vu, ce n’est pas systématique. Il est possible que vos colonies se débrouillent très bien toute seule pour la majeure partie de l’année.

Au printemps, c’est inévitable pour stimuler la ponte de la reine, accélérer le processus de fabrication des cellules et favoriser une miellée importante.

Le nourrissement d’automne se fait lorsque les réserves sont basses et les populations amoindries.

Trop de nourrissement peut avoir des impacts variés :

– créer une surpopulation

À l’automne, une surpopulation peut mettre en danger la survie de toute la colonie. Il est important d’avoir suffisamment d’espace pour que la reine puisse étendre son couvain.

Au printemps, une surpopulation peut engendrer un essaimage précoce qui sera contre-productif.

Pour contrer la surpopulation, vous pouvez enlever des cadres de réserves, rajouter une hausse ou diviser votre ruche en créant une nouvelle reine.

– affaiblir l’espèce

Les abeilles sont des êtres résilients par nature qui savent s’adapter. Si nous avons autant besoin de les chouchouter, c’est parce que nous voulons leur miel ! Comme tous les êtres vivants, elles sont résistantes aux maladies et autres aléas lorsqu’elles mangent ce qui leur fait du bien, des aliments sains, naturels et adaptés. Le sucre inverti n’en fait pas partie et son utilisation doit se faire au minimum pour qu’elle conserve leur capital santé.

Ainsi, n’abusez jamais du sucre et faites attention au choix de vos produits. Privilégiez les aliments bio et sains au lieu des sirops bas de gamme vendus dans certaines boutiques.

– attirer les prédateurs

Le sirop attire aussi les prédateurs comme le frelon asiatique pour ne citer que lui. Ainsi, faites bien attention quand vous mettez le sirop et mettez en place des systèmes de protection pour écarter les prédateurs.

Conclusion

Le nourrissement est un impératif de nos jours pour lutter contre les aléas climatiques et les prédateurs naturels des abeilles. Mais, comme nous l’avons vu, c’est surtout indispensable si vous avez prévu de produire beaucoup de miel. L’un ne va pas sans l’autre.

Pour conclure, nous vous mettons en garde sur l’objectivation des abeilles. L’apiculture est un métier de passion et pour que votre production s’étale sur le long-terme, il est important de considérer les abeilles comme des êtres à part entière et d’en prendre soin.

Nourrissez-les donc, avec des produits de qualité, dans des quantités adaptées, au bon moment et n’oubliez jamais d’y mettre de l’amour ❤️‍🔥 !