L’achat d’un essaim est une opération délicate qui va influer sur la santé et la réussite de votre exploitation.
Ce n’est pas une action à prendre à la légère, d’autant qu’il existe de nombreux vendeurs d’essaim et que tous ne proposent pas la même qualité.
Plusieurs choses sont à prendre en compte comme le type d’essaim, l’espèce, l’origine et l’âge de la reine ou encore les conditions d’élevage.
Il existe plusieurs options qui correspondent à différents types d’apiculture et d’exploitation.
Voici nos conseils issus de l’expérience d’élevage et de conduite de ruchers.
1. Définir son projet apicole
Avant d’acheter un essaim, il est essentiel de bien définir votre projet apicole, que vous soyez amateur ou semi-professionnel. En effet, les différentes options ainsi que la qualité des essaims seront déterminantes en fonction de si vous souhaitez exploiter une cinquantaine de ruches pour produire du miel ou si vous voulez juste trois ruches et remplir quelques pots pour la famille.
Posez-vous les bonnes questions :
– Combien de ruches vais-je avoir ?
– Combien de temps puis-je y consacrer chaque semaine ?
– Est-ce que je veux vendre mon miel ?
– Quelles sont les conditions climatiques autour de chez moi (champs et pesticides, humide, présence de frelons asiatiques, d’autres ruchers alentours?)
2. Choisir un essaim adapté
Une fois que votre projet est bien défini, vous pouvez choisir ce qui vous convient le mieux parmi les différentes options.
En général, quand on veut se lancer, on a le choix entre 4 options :
– Le paquet d’abeille
C’est la méthode la moins chère, mais pas forcément la plus adaptée. Attention à l’origine des abeilles qui sont souvent maltraitées et qui peuvent avoir du mal à s’adapter et démarrer.
– L’essaim en ruchette
Plus conseillé pour les débutants, il faudra le transvaser dans une ruche adéquate. Le déplacement possède un impact, mais il est limité.
– La ruche peuplée
C’est la solution la plus chère, mais aussi la plus sûre. Avec votre ruche peuplée, vous avez juste besoin de la poser chez vous. Les abeilles sont déjà habituées à leur habitat, elles peuvent se mettre au travail tout de suite.
– L’essaim sauvage
Vous pouvez choisir de capturer un essaim sauvage. Ce n’est pas la méthode la plus facile… mais c’est de loin la moins chère.
3. Choisir une espèce endémique
Il existe plusieurs espèces d’abeilles dans l’apiculture française, les abeilles noires (Apis mellifera mellifera), les abeilles grises (Apis mellifera caucasica), les abeilles carnolienne (Apis mellifera carnica) ou encore les abeilles Buckfast.
Chacune aura ses spécificités, mais il est important de comprendre que seule l’abeille noire est originaire de l’ouest de l’Europe, et donc, parfaitement adaptée à nos climats.
Nous conseillons vivement de choisir cette espèce pour participer à sa conservation (elle est menacée). Cette abeille est aussi plus résistante aux aléas du climat tempéré et résistera mieux dans le temps.
Seul inconvénient, elle est réputée pour être un peu plus agressive. Cela ne doit pas vous freiner. Vous y gagnerez sur le long-terme. Pour compenser l’agressivité, renseignez-vous sur les techniques pour éviter de trop exciter les abeilles.
4. Achetez au plus tôt dans l’année
Pour permettre à votre essaim de prendre ses marques et de s’adapter à son environnement, il est préférable de ne pas attendre trop longtemps au printemps pour l’acheter. Il est conseillé de le prendre avant les premières floraisons.
Ainsi, si vous prévoyez une activité apicole, pensez-y plusieurs mois à l’avance, ne le faites pas sur un coup de tête !
5. Engagez-vous
Les abeilles sont petites et fragiles… mais elles restent des êtres vivants dotés d’une sensibilité particulière. En s’engageant à prendre un essaim, vous vous engagez sur le long-terme pour prendre soin de vos abeilles. Certes, il est tout à fait possible de les installer dans une ruche naturelle et de les laisser faire leur vie. Mais il faut comprendre que les déménagements seront compliqués.
Réfléchissez bien avant d’acheter une ruche. Si vous n’êtes pas présents tout l’été, cela peut être compliqué. Si vous n’avez pas la patience d’aller voir votre ruche toutes les deux ou trois semaines, il est sans doute préférable d’acheter votre miel.
Il est possible de se mettre à plusieurs, unissez-vous avec des voisins ou allez voir des apiculteurs, certaines offrent l’option de parrainage qui vous permet, en l’échange d’un peu d’argent, de vous occuper de vos abeilles sans toutes les contraintes inhérentes.
6. Formez-vous !
L’apiculture n’est pas très compliquée. Une fois que vous avez compris le fonctionnement des abeilles, il est assez simple de les suivre et de récolter le miel. Cependant, il existe un savoir-faire ancestral qui permet de bien en prendre soin et d’obtenir des récoltes satisfaisantes. Ainsi, nous vous conseillons vivement de vous former auprès d’un professionnel avant de commencer. Cette formation n’est pas obligatoire pour un petit cheptel, c’est juste conseillé.
Si vous ne voulez pas payer de formation, renseignez-vous au moins auprès d’apiculteurs près de chez vous qui pourront vous expliquer les ficelles du métier.
Il existe aussi de nombreuses ressources en ligne pour vous documenter.
7. Trouvez le bon endroit
Avant d’acheter un essaim, il est aussi essentiel de vérifier que vous pouvez l’accueillir dans de bonnes conditions. Une ruche a besoin d’une exposition ensoleillée et elle doit être protégée des vents violents. En outre, elle ne doit pas être disposée dans un endroit humide. Il est aussi important de faire attention à la présence de prédateurs autour de la ruche. Le frelon asiatique est une vraie plaie de nos jours, ils aiment particulièrement se nicher dans les tas de bois en décomposition ou les composts. Ne disposez pas vos ruches à côté !
Il faut aussi regarder au-delà de votre jardin ou votre terrain. Sera-t-elle suffisamment loin d’un espace public (la réglementation impose une distance qui varie suivant les départements et les municipalités).
Enfin, faites attention aux champs alentour. Les monocultures ne sont pas adaptées, car elles imposent des miellées intenses et courtes et il y a souvent des pesticides qui y sont utilisés. Cela dit, ce n’est pas toujours facile d’éviter la présence de monoculture dans un rayon de 3 kilomètres (distance que peut parcourir une butineuse dans la journée). Si c’est le cas, essayez d’orienter la ruche différemment et de trouver une haie ou un mur entre les deux.
8. Choisissez une ruche et des méthodes connues
Si vous débutez dans l’apiculture, il est préférable de ne pas trop expérimenter. Faites comme les autres! Vous pourrez ensuite innover et adapter votre pratique. Il est fortement conseillé de regarder autour de chez vous avant de vous lancer pour parler avec les apiculteurs. Certains pourront même vous vendre des essaims ou des ruches qui seront donc pleinement adaptées à votre biotope.
Le bonus : en cas de pépin ou de difficulté, vous pourrez aller les voir pour demander conseil.
Pour conclure, ces huit conseils ne sont pas exhaustifs et nous le rappelons, l’apiculture est avant tout une affaire de passion.
Si vous voulez juste du miel, il est sans doute préférable d’aller en acheter chez l’apiculteur du coin. Si en revanche vous aimez les abeilles et que vous avez envie de découvrir cette merveilleuse activité, alors foncez !