Elever des Reines : 10 conseils d’expérience

L’élevage de reines peut vite devenir un impératif si vous souhaitez conserver des colonies productives et résilientes. Cela peut aussi être une manière de créer de nouvelles ruches ou de développer un nouveau segment de votre activité. Dans tous les cas, c’est une activité passionnante.

Il existe en France une pénurie de reines et une hybridation résultante qui met en danger la pérennité des abeilles sur nos territoires. L’élevage de reine est aussi une manière de préserver les espèces endémiques. 

L’élevage des reines peut se faire de plusieurs manières. Certaines méthodes sont simples et accessibles à tous tandis que d’autres demandent un peu plus de savoir-faire.

Si vous souhaitez vous lancer dans cette aventure, voici quelques conseils d’expérience :

1. Élever une seule race, en fonction de ce qui se fait autour

Les ruches hybrides sont plus agressives et détériorent le capital des abeilles dans le temps. Ainsi, il est essentiel d’élever des reines de souche pure. Pour cela, on conseille d’élever des reines issues de populations endémiques comme l’abeille noire.

Pour autant, il faut faire attention aux apiculteurs autour de vous. Si tous sont des buckfast (race d’abeilles à miel), alors il sera difficile d’éviter des croisements et l’hybridation de vos reines. 

Nous rappelons que les faux-bourdons peuvent voyager à plusieurs kilomètres pour féconder une reine. 

2. Choisir sa méthode

Il existe deux méthodes principales pour élever des reines avec des variantes possibles. La première est accessible à tous et conseillée pour les débutants. La deuxième permet de produire plus de reines, mais elle demande plus de matériel et de savoir-faire.

– La division d’un essaim

Cette méthode consiste en gros à prélever une reine d’une ruche avec quelques cadres et de la disposer dans une autre ruche ou une ruchette temporaire. Elle sera ensuite éloignée de la ruche mère pour que celle-ci se remette à produire des cellules royales et effectuer un remérage naturel. Cette méthode est assez simple à réaliser et permet en plus de garder l’équilibre naturel de la colonie.

Voir l’article dédié à la division de ruches.

– Le greffage

Cette méthode est plus délicate. Elle consiste à prélever des larves dans le couvain pour les isoler dans des cupules avec de la gelée royale (l’ingrédient qui permet de transformer les futures ouvrières en reines!).

Elles sont ensuite mises en couveuse pour produire des reines qui seront placées ensuite dans des finisseurs avec des nourrices. Après une dizaine de jours, elles pourront être intégrées dans des ruches orphelines.

3. Choisir des colonies fortes et en bonne santé

Quelle que soit la méthode choisie, il faut toujours choisir les colonies les plus en forme avant de diviser l’essaim ou de prélever des cellules. En effet, ces opérations affectent grandement le développement de la colonie et peuvent ralentir son fonctionnement. 

L’élevage se fait généralement au milieu du printemps et il est donc possible de choisir les ruches les plus développées.

4. Attendre les bonnes conditions météo

L’élevage des reines doit se faire impérativement après le 1er mai, lorsque les températures et les conditions météorologiques sont les plus adaptées. Faites particulièrement attention aux gelées tardives suivant votre position géographique.

L’élevage peut ensuite continuer jusqu’à la fin de l’été.

5. Gardez le rythme

Les experts en élevage de reines proposent un rythme régulier avec un prélèvement des larves tous les 5 jours. En prenant en compte qu’il faut une dizaine de jours pour avoir une reine fonctionnelle, vous pouvez ainsi en produire plusieurs centaines en une saison.

Nous rappelons qu’il y a une pénurie de reines en France et qu’il ne faut pas hésiter à en produire !

6. Soignez votre hygiène et celle de vos ruches

Les abeilles sont très sensibles à l’hygiène. Ainsi, il faut s’assurer que tout le matériel utilisé et les espaces de stockage sont rigoureusement nettoyés et désinfectés. L’entretien des ruches mères est aussi essentiel pour que les futures reines ne propagent pas des maladies aux autres colonies.

Voir nos articles consacrés à la santé des ruches

7. Ne pas dépasser le mois d’août

Il a été remarqué que les reines qui sont élevées tard dans la saison auront plus de difficulté à stimuler la ponte dans leurs nouvelles colonies. De nombreuses colonies ne survivent pas l’hiver dans ces conditions. Ainsi, il est fortement conseillé de ne produire des reines que pendant la belle saison. Dès que les nuits se font fraîches (août-septembre suivant les endroits), il faut arrêter la production et se concentrer sur le suivi des colonies où ont été implantées les nouvelles reines.

8. Nourrir la larve avec de la gelée royale dès la mise en cupule

La gelée royale est l’ingrédient qui permet aux larves de devenir des larves royales. Il est conseillé de mettre quelques gouttes de gelées royales dans les cupules, avant même l’intégration des nourrices, pour favoriser le développement des larves.

Attention à ne pas trop en mettre au risque de noyer les larves.

9. Faire pondre les reines avant de les introduire

Une fois que les reines sont apparues, il est conseillé de faire débuter le cycle de ponte avant de les introduire dans leur ruche définitive. Cela peut se faire de plusieurs manières, il suffit d’ajouter un cadre à couvain et de laisser entrer les faux-bourdons pour la fécondation. 

Une fois que la reine aura eu quelques semaines de ponte derrière elle, elle produira plus de phéromones qui l’aideront à se faire accepter par la nouvelle colonie. 

10. Faire attention à la traçabilité des reines

L’élevage de reines doit suivre un cahier des charges rigoureux avec une attention toute particulière à la traçabilité. Il est en effet d’importance capitale de lutter contre l’hybridation des colonies qui fragilisent les populations d’abeilles en France.

Une traçabilité et un marquage attentionné permet de retracer l’origine des mères et préserver les espèces qui s’adaptent le mieux à nos territoires.

Voir par exemple les règles sur la traçabilité depuis l’étranger.

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous contacter.